Gorille gris

Prouver la trinité, Bible en main

Le mot Trinité, utilisé pour la première fois par Tertullien au IIème siècle, n’est pas employé dans la Bible. Tout d’abord présenté par Théophile d’Antioche sous le grec Triade, son enseignement est pourtant bien présent, en filigrane, tout au long des Ecritures. La
doctrine de la Trinité peut se définir en 3 points fondamentaux inséparables.

Il n’y a qu’un seul Dieu. Le Père est Dieu, le Fils est Dieu et le Saint-Esprit est Dieu; en Dieu il y a 3 Personnes distinctes et de même nature. La difficulté vient du fait qu’il faille articuler ces 3 vérités ensemble sans les simplifier, sous peine de concevoir une hérésie. Avant tout travail, il est important de rappeler que nous resterons modestes quant à la compréhension de cette réalité. En effet, qui peut comprendre pleinement la nature d’un Dieu transcendant qui se tient hors de l’espace et du temps ?
Pour étayer la doctrine de la Trinité, nous allons nous appuyer sur les textes bibliques qui mettent en évidence ces vérités, successivement dans l’Ancien et le Nouveau Testament; il faut, bien entendu, reconnaître la parfaite fiabilité des textes bibliques. Nous commencerons par citer quelques versets affirmant l’existence d’un seul Dieu. La divinité du Père étant incontestable, nous chercherons dans un deuxième temps à démontrer la divinité du Fils puis celle du Saint-Esprit. Enfin, nous regarderons les textes qui soulignent que les 3 Personnes de la Trinité sont un seul et même Dieu.

Une constante, dans les 2 testaments, est la lutte contre les idoles et le polythéisme. Tout d’abord, les textes de l’Ancien Testament le soulignent. Citons-en quelques-uns. L’Ecriture commence avec le magistral « Au commencement, Dieu créa la terre et les cieux » (Gn1.1), qui d’emblée nous met face à un seul créateur. Il y a le premier des 10 commandements « Je suis l’Eternel ton Dieu; tu n’auras point d’autres Dieu devant ma face » (Ex 20:2-3). Dieu lui-même affirme qu’il est un. Puis plus loin dans les Ecritures, nous trouvons également « Ecoute Israël, l’Eternel notre Dieu, l’Eternel est un » (Dt 6:4) qui est rappelé aux Israélites. Il y a aussi de nombreux textes soulignant qu’il n’y a qu’un seul Dieu dans le Nouveau Testament. Jésus, citant Moïse, affirme que Dieu est un (Mc 12:29). Paul, face à l’idolâtrie païenne, déclare publiquement l’existence d’un seul Créateur (Act 17:24-26).
Ce Dieu unique, notre Père (Es 63:16), est aussi appelé Fils. Les affirmations le montrant étant nombreuses, nous nous limiterons à quelques textes.

Dans l’Ancien Testament, la divinité du Christ est claire. Il est écrit que le Messie sera le Fils de Dieu (Ps 2:2-9; 110:1) et même qu’il sera Dieu lui-même (Ps 45:7-8).
Certains textes du Nouveau Testament font références à Jésus quand il est question de Dieu dans l’Ancien Testament. Le chapitre 3 de Malachie parle du messager qui prépare la venue du Seigneur; ce texte est repris par les évangélistes pour parler de Jean-Baptiste préparant la venue de Jésus (Mat 11:10, Mc 1:2, Luc 7:27). Les versets 7 et 8 du Psaume 45, mentionnant un roi désigné par Dieu, appelé « Dieu » également, est repris par l’auteur de l’épître aux Hébreux pour désigner le Christ (Hb 1:8).
Les premiers paragraphes de l’évangile selon Jean présentent la Parole comme Dieu lui-même, éternel et créateur. Cette Parole s’est incarnée en Jésus (Jn 1:14). Jésus est donc Dieu homme. Paul dit de Jésus-Christ, qu’il est de condition divine, égal de Dieu (Ph 2:6-7). De nouveau, Jean dans son épître, écrit que Jésus-Christ est Fils de Dieu, le seul vrai Dieu et la vie éternelle (1 Jn:5:20). Ajoutons à cela que la naissance du Messie est annoncée dans les évangiles. Sa venue signifiera que Dieu est avec nous « Emmanuel » (Es 7:14). La venue du Fils de Dieu est annoncée aux hommes comme la venue de Dieu lui-même. Le nom Jésus porte la marque de la divinité : Jésus signifie « Dieu sauve », hors il n’y a que Dieu qui puisse sauver du péché. Son éternité est affirmée en Mi 5:1.
Jésus-Christ lui-même parle de sa divinité. Quand il s’applique à lui-même le « Je suis » de Yahvé (Jn 8:24), les juifs saisissent bien la référence et s’empressent de vouloir le tuer.

Penchons-nous maintenant sur les textes qui mettent en évidence la divinité du Saint-Esprit.
Dans l’Ancien Testament, quelques passages qui ramènent l’action de l’Esprit à celle de Dieu. Dans le Ps 104:29-30, le psalmiste reconnaît que l’Esprit donne vie à toute choses; Job dit la même chose (Job 3:34), hors c’est bien Dieu qui donne vie à toutes choses.
Dans le Nouveau Testament, Paul affirme aux Corinthiens qu’ils sont le temple de Dieu parce que l’Esprit habite en eux (1Cor 3:16). Dieu est partout et ses créatures sont limitées. Le Saint-Esprit est présent dans l’esprit de tous les croyants et c’est une chose que Dieu seul peut réaliser. Toujours dans l’épître aux Corinthiens, Paul affirme clairement : « Le Seigneur c’est l’Esprit » (2Cor 3:17). Mentir à l’Esprit c’est mentir à Dieu (Act 5:3-4) et l’Esprit agit et parle comme si il était Dieu lui-même (Act 13:2). Malgré son nom quelque peu impersonnel, le Saint-Esprit est une personne. Il parle et il est possible de l’attrister (Eph4:30).

Le dernier élément à démontrer est l’unité de ces 3 Personnes divines. Malgré leur distinction, elles sont unies. Cette unité apparaît aussi dans les textes bibliques. Premier panneau indicateur et détail probablement énigmatique pour les lecteurs de l’Ancien Testament, le premier verset de la Genèse commence en réalité avec « Au commencement les Dieux créa » (Gn 1:1). Elohim, qui est une forme du pluriel est suivie du verbe « créer » conjugué au singulier. Dieu dit également après la chute « Voici l’homme est devenu comme l’un de nous … » (Gn 3:22). Autre élément « grammatical » pertinent : dans le Nouveau Testament, Jésus commande à ses disciples de baptiser au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit et non pas aux noms. L’auteur, inspiré par le Saint-Esprit, a pris soin d’utiliser le singulier.
Toujours dans le Nouveau Testament, on constate l’unité dans l’action des 3 Personnes divines. Prenons quelques exemples seulement. Les 3 Personnes de la Tri-unité agissent ensemble lors de l’incarnation du Fils (Luc1:35). Ensuite, lors du baptême de Jésus, Le Père et L’Esprit se manifestent clairement (Mat 3:16-17). Jésus est rempli de joie par le Saint-Esprit et il remercie le Père dans sa prière (Luc 10:21). Il est également écrit que le Père, le Fils et le Saint-Esprit viennent (vient, conviendrait-il mieux ?) habiter dans le croyant (Jn 14:17,23). 2 Cor 13:13 est la bénédiction apostolique qui présente les 3 Personnes de la trinité ensemble. Nous finirons avec l’exemple de la Croix en Heb 9:14, où le Christ s’est offert lui-même à Dieu par l’Esprit. Le Salut n’est possible que par l’action unie de ces 3 Personnes, de Dieu.

L’Ecriture révèle un Dieu unique, cependant, elle révèle aussi 3 Personnes qui agissent ensemble, dans une parfaite relation d’amour (Jn 5:20), et qui partage la même nature divine. Nous touchons ici aux limites de notre compréhension humaine.
Comment comprendre qu’un Dieu solitaire pourrait concevoir le multiple - manifeste lors de la création - sans s’aliéner lui-même ? La Tri-unité permet de comprendre ce concept. En un Dieu unique, il existe la diversité (1 Cor12).
L’Ecriture, nous révèle, sans le dire de manière explicite que Dieu est unique et qu’en son sein vivent éternellement 3 Personnes unies totalement et de parfaite égalité. Cette révélation ne remet pas en cause le monothéisme mais nous montre que la nature de Dieu est bien plus inaccessible que nous pouvons le penser. C’est dans un sens c’est rassurant, car Dieu est bien un être inaccessible et transcendant. Sans une révélation de lui-même, par lui-même, nous ne pourrions le connaître. Pour les plus sceptiques qui verraient dans cette conclusion une sorte d’obscurantisme ou la traduction d’une foi charbonnière, admettons qu’il existe dans la création des similitudes comme l’âme humaine d’un individu. Elle est unique et cependant riche de sa diversité : intelligence, mémoire, volonté.