Un Dieu missionnaire
« Notre Dieu est un Dieu missionnaire ». Telle est l’affirmation que nous pouvons entendre parfois dans les églises.
Essayons d’éprouver un peu cette affirmation.
Pourquoi ? #
Dans un premier temps, nous allons définir le terme mission. Pour répondre à cette question il nous faudra aussi dire quel est le but de la mission et ses implications. Enfin nous nous efforcerons de montrer que la mission est attachée au caractère de Dieu et qu’il est lui-même un Dieu missionnaire.
Mission signifie envoyer, en grec apostelô qui a donné apostolos, littéralement l’envoyé, duquel on tire apôtre [1]. L’évangélisation est l’annonce de la bonne nouvelle (ange : annoncer, év : vient de eu qui signifie bon). La différence entre mission et évangélisation et que l’évangélisation fait partie de la mission. Elle est la réponse à l’appel de Dieu. Elle possède plusieurs facettes.
Historiquement, les frères moraves, au XVIIIème siècle, sont reconnus comme étant les premiers missionnaires modernes. Suite à la Réforme, Jean Hus, fonde 400 églises, qui formeront la fratrie Hussite, qui enverra de nombreux missionnaires par le monde.
Le but de la Mission est de faire connaître le vrai Dieu, Père, Fils Saint-Esprit aux hommes et qu’ils sachent ce qu’il a fait pour eux et attend d’eux. Cela n’implique pas seulement d’annoncer un message brut mais s’adapter à l’auditoire pour qu’il puisse saisir et accepter. Cela implique de considérer l’individu entièrement.
Nous voyons tout au long de l’histoire biblique d’Israël et de l’histoire de l’église que Dieu est un Dieu qui se révèle. Le fait d’envoyer, spécifique à la Bible, n’existe pas dans les autres religions [2]. Dieu s’intéresse à l’homme et veut lui communiquer des messages mais lui donne pleine liberté par rapport à ceux-ci. Il s’adresse ainsi à Adam, Abraham, Moïse etc… Le but de Dieu est que les hommes le connaissent. La relation d’antan a été brisée à cause du péché et il faut la restaurer. Ainsi Dieu n’est pas statique envers les hommes. Il est à la fois celui qui envoie et qui vient lui-même. Il va vers les hommes. Au sein même de la Tri-unité, le Père envoie le Fils sur la terre pour annoncer la venue du royaume de Dieu et accomplir sa volonté de mourir pour les pécheurs (Rom. 8.5). Le Père et le Fils envoient le Saint-Esprit sur toute chair pour sceller le salut de ceux qui croient (Act. 2.19). La parabole des vignerons 3 est une très bonne illustration du caractère missionnaire de Dieu. Il envoie ses serviteurs, les prophètes. Moïse est le premier pour qui la notion d’envoyer devient nette (Ex.3.10 : « Je t’envoie »). Puis fini par venir lui-même, en son Fils.
En venant, le Christ ne se contente pas d’annoncer la bonne nouvelle mais il s’occupe d’éduquer et de faire grandir dans la foi ceux qui l’écoutent et en particulier les 12. Ainsi, le Christ est un missionnaire entier. Il annonce la bonne nouvelle, s’occupe des individus pour les faire grandir dans leur foi. Il enseigne (Jean 6.6), prêche (Marc 1.14), s’occupe des besoins physiques [3] et spirituels de ceux à qui il s’adresse, et rend témoignage (Jean 5.36). Dès le début on dit que Jésus est envoyé (Heb3.1). Il est donc un apôtre.
Jésus-Christ lance un appel clair à faire de toutes les nations des disciples (Mat. 28.19). Il ne parle pas simplement d’annoncer la bonne nouvelle aux nations mais d’en faire des disciples. Il parle donc de la mission et de considérer les besoins des individus et leur croissance spirituelle. Jésus envoie lui-même ses disciples en mission. Notre Dieu est bien un Dieu missionnaire.
Comment s’y prend-il à travers l’histoire selon le récit biblique ? #
Nous commencerons par voir de quelles manières Dieu se manifeste au travers de l’histoire d’Israël et de celle de l’Eglise. Puis nous tacherons de de voir comment Dieu s’y est pris pour se révéler, ce qu’il a utilisé pour que les hommes le connaisse.
Si nous prenons le récit biblique d’Israël dans son ensemble nous constatons que Dieu se révèle à son peuple de manière progressive. Il commence avec Abraham et ses descendants et se révèle ainsi aux hommes comme un Dieu qui s’intéresse à eux et leur fait des promesses. Il fait connaître son Nom à Moïse, et communique ainsi son essence d’être éternel : « Je suis celui est qui est ». Puis il se révèle comme celui qui veut faire une alliance avec son peuple. Il se manifeste comme celui qui est souverain et révèle sa perfection morale par la loi de Moïse. Ses règles et ses lois sont consignées par Moïse par écrit et sont conforme à sa volonté; Dieu revendique ces écrits comme son œuvre (Os. 8.12) [4]. Dieu se présente donc aux hommes de manière progressive. Toute la révélation de sa personne n’est pas donnée d’un seul coup.
Dieu se révèle aussi aux hommes par des hommes : les prophètes. Le prophète est celui que Dieu revêt de son autorité pour qu’il communique sa volonté aux hommes et les instruise [5]. En les inspirants par son Saint-Esprit, il communique à son peuple sa volonté.
Mais ce n’est qu’avec Jésus-Christ que Dieu se révèle pleinement aux hommes. En venant dans une chair semblable à la nôtre, Dieu se manifeste à la compréhension humaine de la meilleure manière qui soit. Par sa vie et son œuvre, Jésus a parfaitement révélé le Père (Jean 1.18) au point qu’il est appelé l’image du Dieu invisible (Heb. 1.3). Il fait connaître son plan de salut pour les hommes. Cette œuvre était symboliquement présente sous l’ancienne alliance par les sacrifices d’animaux sans défauts. Ainsi, Dieu, pendant des siècles, avait préparé son peuple à la venue de son Fils, celui qui le révèlerait entièrement et qui aurait à donner son sang, sa vie, pour les péchés.
Avant de rejoindre son Père, Jésus a commandé ses disciples de faire de toutes les nations ses disciples. C’est donc aux apôtres que Dieu a confié la mission de révéler qui il est au reste du monde (Act. 1.8). A l’heure de l’Eglise, la foi peut se reposer sur les textes bibliques, rédigés sous la plume inspirée des premiers apôtres du Christ. C’est le dépôt qui doit passer de générations en générations que Paul confie à Timothée (2Tim 1.12). L’Eglise est la garante du message de Dieu. Elle possède la clé pour le ciel (Mat 16.19), le moyen donné par Dieu d’avoir la certitude de la vie éternelle par la foi. Dieu continue de se révéler aux hommes qui ne le connaissent pas par les pierres vivantes de son Eglise et par son Saint-Esprit qui convainc les cœurs de péché. En prenant exemple sur les récits bibliques, nous constatons que Jésus et ses apôtres créaient un lien avec le vécu de leurs interlocuteurs afin d’annoncer la bonne nouvelle. La forme du message peut changer mais le fond reste identique. Ainsi Paul ne s’adresse pas de la même manière aux Athéniens (Act. 17.15-34) qu’Etienne, au sanhédrin (Act. 7). Ils considèrent leur culture, ce qu’ils savent déjà et leur quotidien et cherche à créer une passerelle entre l’Evangile et eux.
Comment vivre cette mission de Dieu dans votre église aujourd’hui ? #
Nous allons dans un premier temps rappeler ce qu’implique la mission de Dieu. Puis dans quel contexte culturel est installée l’église en France. Enfin nous proposerons quelques pistes concrètes pour vivre cette mission.
Nous l’avons vu, elle a pour but de révéler Dieu, de le faire connaître par Jésus-Christ, de faire connaître sa volonté, et de faire des Hommes des disciples du Christ.
Pour vivre cela dans l’église aujourd’hui il faut considérer la culture dans laquelle elle est installée. En France, on perçoit le catholicisme comme la religion normale. On ne comprend pas que des églises de professant puissent exister. On revendique la tolérance mais on ne veut pas de la pluralité. La doctrine de l’Homme est mise en avant, l’Homme possède un « bon fond », ce qui ne va pas dans le sens de l’Evangile. Enfin, on remarque aussi un certain anticléricalisme bien que l’intérêt pour le Christianisme semble se renouveler.
Pour présenter Jésus à nos contemporains, il faut pouvoir créer des points de contact avec eux. David Brown suggère plusieurs passerelles pour atteindre nos contemporains : notre humanité, l’église, la spiritualité, le méta-récit [6]. Nous allons nous concentrer sur quelques-unes.
En commençant par cette passerelle que constitue notre humanité, l’identité et la valeur de l’être humain peuvent être discuté autour d’un repas organisé pendant une soirée sur un thème particulier. Par exemple, il serait possible de proposer d’inviter à l’église un missionnaire dont le ministère est rattaché aux enfants défavorisés pour qu’il puisse présenter son travail. La discussion sur ce sujet pourrait ferait alors naturellement pendant le repas, surtout si les invités sont déjà parents. Ainsi les valeurs de l’évangile seraient partagées.
Dans l’église, il est possible de mettre en place mensuellement des cultes « spéciaux » pendant lesquels, le vocabulaire utilisé sera accessible et le message approprié à un visiteur. Ainsi, chacun peut inviter un jour un collègue ou un ami à ce type de culte en sachant qu’il ne sera pas confronter à un « patois de Canaan ». Parallèlement l’église doit être sensibilisée à cela et chaque membre doit prendre ce projet à cœur, non pas seulement comme un projet personnel, mais aussi un projet d’église. Pour ceux qui voudraient aller plus loin, l’église peut mettre en place des rencontres pour présenter l’évangile clairement. Il est alors important de mettre également en place un suivi et d’entourer les personnes pour qu’elles puissent grandir dans leur foi. Les invités aux réunions de prières, aux études bibliques etc…
Mais avant toutes ces choses, puisque nos contemporains sont méfiants à l’égard des méta-récits, il convient de développer une relation de confiance. Ainsi, en allant boire un café ou en aidant à un déménagement, nous montrons de l’intérêt pour la personne et nous sommes en train d’évangéliser par notre vie. Instaurer une relation de confiance est donc capitale aujourd’hui.
Devoir également rédigé à l’aide de notes sur le stage « Evangélisation et Mission », D.Brown, FORMAPRE Nogent-sur-Marne.
Mission, Nouveau Dictionnaire Biblique, Emmaüs, 2002 ↩︎
Envoyer, Nouveau Dictionnaire Biblique, page 410, Emmaüs, 2002 ↩︎
En Marc 6, Jésus nourrit la foule. En Marc 10, il guérit un aveugle né. En Luc 8, il chasse les démons. ↩︎
Prophète, Nouveau Dictionnaire Biblique, page 1066, Emmaüs, 2002 ↩︎
Prophète, Nouveau Dictionnaire Biblique, page 1124, Emmaüs, 2002 ↩︎
David Brown, Passerelles, Editions Farel, 2003, p.26 ↩︎
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